Depuis le début de l’année, nous assistons à une attaque en règle de la Politique Familiale de la part du gouvernement, relayée par des groupes de pression ou des intellectuels qui croient tout savoir d’un système dont ils ont oublié, à défaut de l’avoir su, les fondamentaux.
Nul ne conteste que le déficit des comptes publics doive nous inciter à des économies et à beaucoup de prudence. Pour autant, pourquoi vouloir casser une politique qui a démontré son efficacité (toutes les études le prouvent) notamment en termes de démographie, d’activité féminine et d’apport de ressources complémentaires pour les familles modestes.
On nous annonce un objectif de réduction du déficit de la branche famille de 2 milliards d’euros d’ici 2016, sans vouloir prendre en compte que ce déficit a été artificiellement créé par des transferts de charges des autres branches à la suite de décisions prises par les gouvernements précédents, sans reconnaître non plus que malgré le paiement de ces charges indues, la branche famille retrouvera un équilibre et un excédent structurel en 2019.
Alors, pourquoi s’attaquer à la Politique Familiale ?
Parce que c’est un positionnement idéologique.
En vertu de cette idéologie on nous dit que les « riches » doivent payer et qu’en conséquence les allocations familiales vont être supprimées (première version) ou modulées (seconde version) en fonction des revenus.
Qu’importe la version, une fois de plus les classes moyennes vont être touchées.
C’est dangereux.
C’est dangereux, parce que le principe même de notre protection sociale est l’universalité qui repose sur la solidarité.
Cela veut tout simplement dire que ce sont les actifs qui payent pour les retraités, les biens portants pour les malades, les familles sans enfants à charge pour les familles avec enfants à charge.
Mettre les allocations familiales sous conditions de ressources pour envisager une suppression ou une modulation portera atteinte à cette solidarité horizontale et au principe d’universalité (à composition familiale identique, droits identiques).
En effet seules les familles de deux enfants et plus seront touchées.
Ce système pénalisera les familles, et les pénalisera d’autant plus qu’elles seront nombreuses ?
Mettre en place une différence d’attribution des allocations familiales est un contre sens, alors même que la redistribution s’exerce déjà par les cotisations et les impôts. En effet plus les revenus sont élevés, plus leurs prélèvements sont importants.
Ce sont donc bien les « plus aisés » qui financent le système.
Au-delà de la seule branche famille, accepter cette injustice sociale mettrait en péril l’ensemble de notre dispositif de protection sociale. Ce serait ouvrir la porte à toutes les dérives, car demain en effet, pourquoi ne pas appliquer le même principe à la maladie.
Au quotidien, nous assistons à une segmentation de plus en plus prégnante de notre société.
Ne touchons pas aux principes fondateurs de la Sécurité Sociale.
Préservons l’universalité et la solidarité qui sont les piliers de notre cohésion sociale, notre pays en a besoin.
Corinne Griffond