Le Petit Bleu du 29/07/2013. La leçon de vie de Marguerite Bétria

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Canicule oblige la municipalité a rendu visite aux personnes âgées, vendredi, notamment à Marguerite Bétria, une étonnante et dynamique centenaire agenaise.

Ils étaient venus lui témoigner leur affection au nom de la ville, par ces temps de chaleur lui apporter un peu de réconfort et en même temps lui prodiguer quelques conseils sur la manière de se comporter face à cette canicule qui menace plus particulièrement nos aînés.

Ce que n’avaient pas prévu, Jean Dionis, le maire, et Corinne Griffond, son adjointe à la famille, c’est que Marguerite Bétria est une «superwoman» (nous avions fait son portrait au début du mois pour son anniversaire) et que c’est plutôt elle qui a dispensé, avec une grande sagesse, ses enseignements aux élus (et à nous-mêmes) ? Une sorte de leçon de choses, comme autrefois.

Au 2e étage (sans ascenseur), dans cette maison haussmannienne du bd de la République, malgré la chaleur moite de cette matinée, Marguerite remercie pour les fleurs, s’inquiète que tout le monde soit bien assis, rassure aussi sur ses conditions de vie.

Deux ans qu’elle n’est pas descendue. «Le boulevard piétonnier ? On me dit que c’est bien» répond-elle à Jean Dionis tout en glissant, malicieuse et rose de plaisir à notre photographe «ne prenez pas trop de photos, je suis si vieille».

Littérature japonaise et chinoise

Marguerite n’en a cure de la canicule. Elle a vu pire pendant son siècle d’existence. «Je suis de l’Argonne (N.D.L.R. : région de Verdun), qui fut une frontière d’empire, alors, on a l’habitude de l’enfer là-bas. La chaleur ? J’ouvre quand il fait frais, je referme après et je bois beaucoup. Je suis une grenouille. Il faut se forcer un peu à boire et se reposer».

Marguerite Bétria lit beaucoup. De la littérature chinoise et japonaise surtout, ce qui enthousiasme le premier magistrat, lui-même féru de textes russes. «Le Petit joueur d’échec» est son livre de chevet, un merveilleux roman de Yôko Ogawa.

Ce serait l’un des secrets de jouvence, si l’on excepte que la dame a fait beaucoup de vélo dans sa jeunesse, «le tour de France avec mon mari», peintre décorateur avec qui elle a beaucoup travaillé et notamment restauré «à la feuille d’or les panneaux de la salle des Illustres, déposés pour ce faire au théâtre».

Jus de citron

Secrets toujours ? «Du vélo, pas d’alcool et beaucoup de jus de citron. Grâce à cet agrume, j’ai encore toutes mes dents… mais j’ai l’oreille dure» ajoute-t-elle espiègle. Enfin, un peu d’hérédité, sa grand-mère est morte à 102 ans. «Vous savez, tout le monde meurt un jour. Ce ne sont pas les chagrins qui font mourir. Je ne me plains jamais, il ne faut pas. Je suis entouré de jeunes. Ils habitent loin mais ils me rendent visite souvent. Pour le reste, chacun pense ce qu’il veut, j’ai toujours respecté la pensée des autres».

Un ange passe. Il est temps de prendre congé de la succulente dame de l’Argonne et de s’inspirer de sa sagesse. Respect ! Ah oui, la canicule ? Il y en aura bien d’autres…

D. M.

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