L’Hebdo : Corinne Griffond, qu’est ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette bataille des Départementales ?
Corinne Griffond : Tout simplement parce que beaucoup des gens qui m’avaient soutenue durant la campagne municipale m’ont encouragé à me lancer sur ce scrutin départemental. Le comité de citoyens que nous avions créé à l’époque a continué son activité malgré la défaite. Il s’est même densifié et apporte chaque jour de nouvelles idées. J’ai senti que je ne pouvais pas lâcher tous ces gens.
Mais pour tout vous avouer j’ai longuement hésité…Les dernières municipales ont laissé beaucoup de traces, le combat fut rude, parfois pas très loyal. Ma famille a, à l’époque, été beaucoup affectée, et je n’avais pas très envie de leur faire revivre une telle situation. Je ne me suis finalement décidée que parce que mes proches m’ont encouragé à le faire et que je sentais qu’un cercle plus large attendait aussi que je franchisse ce cap. Et puis ce scrutin à dimension départementale rentre, je pense, dans mes compétences. J’ai exercé plusieurs fonctions à cette échelle (Présidente de la CAF et de l’UDAF lot-et-gaornne, Ndlr), c’est une force.
L’Hebdo : Cette fois encore, vous partez dans ce combat électoral sans étiquette. Comment les ténors locaux, et notamment vos anciens alliés comme l’UDI, (Corinne Griffond a été conseillère municipale à Agen dans l’équipe Jean Dionis du Séjour) ont-ils accueilli cette candidature ?
C.G. : Dès que j’ai pris cette décision, j’ai été voir Jean Dionis pour lui signifier ma volonté de me présenter. Il a été très courtois. Je n’ai aucun état d’âme par rapport à ce jeu politique. Je suis très clair depuis le début avec cela, je suis citoyenne, je suis libre de mes choix. Mais je tiens quand même à rétablir une vérité. Lorsque j’ai décidé de partir aux municipales au Passage d’Agen, j’ai été voir l’UMP en leur demandant qu’elle serait leur position et s’il soutiendrait ma candidature de centriste. Jean Pinasseau m’a reçue plusieurs fois, j’ai aussi proposé à Christophe Bocquet d’être mon premier adjoint et lui laisser le champ libre pour les Départementales puisque je suis contre le cumul des mandats. J’ai prôné l’unité et j’ai finalement découvert dans la presse que Christophe Bocquet se présentait à la mairie.
L’Hebdo : On vous reproche de faire le jeu de l’extrême-droite en divisant au centre et à droite. Que répondez-vous à ces attaques ?
C.G. : Que c’est facile, trop facile ! On peut toujours se défausser sur les autres pour ne pas reconnaître ses erreurs. Agiter le chiffon rouge du FN pour discréditer les candidats sans étiquette, c’est indigne de notre système républicain. Je dirais que justement le fait de ne pas être étiqueté représente une voix nouvelle pour le vote de contestation autre que celui des extrêmes.
Corinne Griffond sait où elle habite
L’Hebdo : On a justement l’impression que le «sans étiquette» est en train de damer le pion aux grands partis?
C.G. : Sur le terrain on ressent vraiment qu’il y a un mouvement de fond qui est en train de se créer, c’est certain. D’ailleurs on voit de plus en plus de citoyens se revendiquer de ce dernier et se lancer en politique sous cette bannière. On a prévu de rencontrer les candidats sans étiquette sur les autres cantons pour échanger avec eux. C’est important le dialogue.
L’Hebdo : Se ranger sous cette bannière, c’est un peu profiter d’un no man’s land, non ?
C.G. : L’adjectif sans étiquette ne veut pas dire que l’on ne sait pas où l’on habite, bien au contraire ! Nous savons parfaitement où nous situer. Je suis une centriste et je le reste !
L’Hebdo: On a la sensation que ce scrutin départemental a pour le moment bien du mal à trouver un écho chez les citoyens, est-ce aussi votre ressenti ?
C.G. : Oui totalement. J’ai peur qu’il y ait une forte abstention, environ 60%. Cette refonte de cette élection a plongé les Français dans l’incompréhension. Ils sont perdus ! De plus, beaucoup pensent que les départements vont à terme disparaître au profit des régions. Difficile dans ces conditions de mobiliser les électeurs.
L’Hebdo : Avec toutes les incertitudes qui planent autour de l’avenir des départements, comment bâtir un projet crédible ?
C.G. : C’est une bonne question. La loi de décentralisation ne précise pas vraiment qu’elles vont être dans le futur les compétences du département. On a fait le choix avec Yan de construire un programme global qui reprend les compétences actuelles du Conseil général. C’est la seule manière d’être crédible.
L’Hebdo: Que réserve selon vous ce scrutin ?
C.G. : Il y a beaucoup d’incertitudes, énormément même ! A droite comme à gauche, on ne sait pas vraiment qui va tirer son épingle du jeu. De Pierre Camani à Alain Merly, aucune bataille n’est gagnée d’avance. Pour notre équipe, le seul objectif est le deuxième tour pour le moment. On ne se concentre que sur ça.
L’Hebdo: Pour conclure, que pense la candidate de cette élection où les femmes ont enfin leur mot à dire ?
C.G. : C’est contrasté. Au départ j’étais farouchement opposée à ces questions de parité mais je dois reconnaître que quelque part cela a sûrement permis de faire accélérer les choses. Après, sur le volet économique, je torve la situation aberrante. On a voulu réduire la voilure pour des raisons économiques en redimensionnant les cantons. Mais au lieu d’avoir 40 élus on se retrouve au nom de la parité à 42. Je ne vois pas où sont les économies…
Propos recueilis par Cyril Recondo
Yan Baudoux, un solide partenaire
Corinne Griffond a trouvé en Yan Baudoux un appui de poids. Chef d’entreprise reconnu depuis trente ans en Agenais, ce pro de la communication a su tisser un solide réseau. Aussi bien dans le monde de l’entreprise que dans celui du milieu associatif où il est extrêmement investi : « Yan, je l’ai découvert lors des municipales » décrit sa colistier. « On l’avait choisi comme prestataire (Il dirige une agence de communication, Ndlr), il nous a beaucoup aidé. Le soir de la défaite aux municipales, il est venu à mon domicile apporter son réconfort sans que rien ne lui soit demandé. J’ai trouvé le geste fort.» Alors lorsque le comité de citoyen a cherché qui pouvait accompagner Corinne Griffond dans ce nouveau challenge, son nom est apparu comme une évidence : « J’hésitais à partir, il m’a dit si tu franchies le cap je viens avec toi.» Bingo, le duo a de suite trouvé ses marques. Le voici prêt à affronter ce premier scrutin