Réforme des rythmes scolaires : Quels sont les vrais enjeux ?

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La réforme des rythmes scolaires souhaitée par le ministre Vincent Peillon était attendue par tous et depuis des décennies.

Malheureusement comme toute bonne idée dont le projet est construit dans la précipitation, la mise en œuvre risque d’être douloureuse.et imparfaite.

Présentée comme un changement dans le cadre de la refondation de l’école dont le projet de loi est annoncé, la discussion se focalise actuellement sur la fameuse question de la durée de la semaine de nos écoliers : 4 jours ou 4,5 jours.

 

Cette problématique est certes importante, mais ne cache-t-elle pas la nécessité d’une réforme d’envergure pour notre école ?

Les classements internationaux, et notamment le fameux PISA de l’OCDE, ne font que constater le déclin de l’école française depuis des années

(lire http://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_PISA#cite_note-8 ). La France est aujourd’hui reléguée au-delà de la 20e place que ce soit en sciences, en lecture ou en mathématiques.

Cette situation appelle évidemment à un débat et à une réforme qui vont bien au-delà de la question de la semaine à 4 jours ou 4,5 jours.

Nos rythmes scolaires sont calqués depuis des décennies sur le calendrier touristique. Les différentes zones ont été ainsi instituées en fonction des vacances aux sports d’hiver et de l’industrie touristique estivale.

Or, Il s’agit avant tout de tenir compte des rythmes biologiques de l’enfant et de ses périodes d’activités intellectuelles maximales, (par exemple ne pas dispenser de cours de français de mathématiques ou de sciences à 13h30, mais réserver cette période jusqu’à 15h pour des activités sportives et culturelles,) tout en n’allongeant pas la journée scolaire.

Il apparaît donc évident que le temps scolaire en France ne correspond pas au temps de l’enfant.La Finlande, que l’on cite souvent en modèle en Europe, a un temps de vacances moins important qu’en France et un temps éducatif plus allongé durant l’année. Pourquoi ne pas aller vers ce système plus équilibré ?

Le temps extra scolaire est un facteur important du développement de l’enfant et de sa construction en tant que citoyen. C’est évidemment une bonne chose d’essayer de favoriser l’ouverture sportive et culturelle. On a connu par le passé le dispositif ARVEJ qui avait pour but de favoriser les découvertes éducatives. Aujourd’hui les contrats éducatifs locaux fonctionnent pour la pratique d’activités sportives et la découverte d’actions culturelles. Cependant, ces dispositifs sont loin d’être généralisés dans tous les établissements scolaires et pour tous les enfants.

La réforme imaginée par Vincent Peillon va dans ce sens, et c’est tant mieux, mais peu de communes disposent aujourd’hui d’un PEL (Projet Educatif Local) or la question du temps extra scolaire ou péri éducatif repose sur ce dispositif et elle n’est pas réglée. En effet ce temps extra scolaire élargi ne doit pas relever de la charge unique des collectivités car beaucoup d’entre elles ne pourront pas assumer le coût supplémentaire que cet aménagement induit (environ 600 000€ pour la commune d’Agen 100 000€ pour la commune du Passage d’Agen). Cela créera des disparités géographiques évidentes en fonction des moyens des communes et la qualité du projet en sera impactée, car il ne s’agit pas ici de mettre en place une simple garderie.

 C’est la raison pour laquelle mettre en œuvre cette réforme en 2013 me paraît précipité.

Pour parvenir à un résultat satisfaisant, il est nécessaire qu’Etat, collectivités et Education Nationale travaillent en complémentarité. Il faut donc aboutir sur cette question essentielle à une concertation entre les différents partenaires qui ne doit pas entrainer un dessaisissement de l’école mais la réalisation d’un projet pédagogique harmonieux pour l’enfant.

La réforme de Vincent Peillon ne peut se permettre de se laisser aller à l’expérimentation. Trop de jeunes sortent du système scolaire sans avoir acquis un socle basique de connaissances. Pire encore, trop de jeunes ne trouvent plus à l’école les savoirs et les valeurs pour s’intégrer dans la société. En matière d’éducation, l’intérêt de l’enfant prime devant les considérations politiques. Pour parvenir à réaliser une réforme d’envergure, il est donc primordial de sortir des dogmatismes sur des intérêts divergents.

L’Education Nationale forme les citoyens de demain, donnons-lui la réforme qu’ils méritent.

Corinne Griffond

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